cChic News
 
NEWS

Politique | Public Eye

Public Eye - Un méga-scandale de la téléphonie congolaise remonte jusqu’à Genève

2025-09-10        
   

Face au fléau des téléphones contrefaits ou volés, la République démocratique du Congo s’était dotée en 2020 d’un registre des appareils mobiles (RAM). Financé pendant un an et demi par une taxe imposée aux usagers dans la plus grande opacité, le dispositif a généré des dizaines de millions de dollars jamais retracés dans le budget national. Trente pour cent des recettes étaient destinés à 5C Energy RDC, une petite société chargée du « support technique ». Elle faisait partie d’un groupe de sociétés dont la principale antenne, aujourd’hui en liquidation, est domiciliée chez un avocat à Genève. Une affaire qui illustre la nécessité d’imposer des devoirs de diligence stricts aux conseillers.

En République démocratique du Congo, où 73 % de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour, la « taxe RAM » avait provoqué un tollé au sein de la société civile et de la classe politique, premier scandale financier de la présidence de Félix Tshisekedi. Craignant pour sa popularité, celui-ci a ordonné sa suppression en février 2022. Mais de nombreuses questions restent sans réponse. Les conditions de désignation de 5C Energy RDC comme « support technique » par l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications, rattachée à la présidence, n’ont jamais été éclaircies. Le contrat, attribué sans appel d’offres, ainsi que les revenus perçus par ce prestataire, n’ont jamais été rendus publics. Alors que la RDC occupe la 163e place (sur 180 États) dans l’Indice de perception de la corruption 2024 de Transparency International, des voix d’opposition ont accusé le président et ses proches de se cacher derrière 5C Energy RDC, ce que ces derniers ont fermement démenti.

Cette affaire, retracée par Public Eye, met aussi en lumière le rôle de la Suisse dans la mise en place de structures opaques. Les statuts de 5C Energy RDC ont été déposés à Kinshasa en 2019 par un citoyen belge, qui était alors administrateur de 5C Energy SA, une société enregistrée à Genève en 2016. Cette entité était la principale antenne de 5C Energy, qui se présentait sur son site internet (aujourd’hui désactivé) comme un « groupe indépendant avec une implantation internationale et un important réseau de partenaires ».

En mars 2023, 5C Energy SA a été rebaptisée Veltio Solutions SA, conservant le même administrateur. À l’automne 2024, en dépit du scandale provoqué en RDC par la taxe RAM, un avocat bien connu de la place a accepté de domicilier la société à son étude. Veltio Solutions SA a été dissoute en février dernier, puis mise en liquidation.

En Suisse, il est essentiel de soumettre les conseillers et conseillères (avocat·e·s ou fiduciaires) à la loi anti-blanchiment (LBA), en leur imposant des obligations de diligence afin de clarifier l’identité et les activités de leurs client·e·s. Cette modification de la LBA, voulue par le Conseil fédéral, sera discutée demain au Conseil national. Pour être efficaces, il est essentiel que ces devoirs s’appliquent à toutes les activités présentant un risque élevé de blanchiment, sans les restrictions excessives que prévoit le Conseil des États. L’adoption d’un registre des ayants droit économiques des sociétés, en cours de finalisation au Parlement, est également urgente, même si ce registre présente d’importantes lacunes, comme nous l’avons dénoncé.

 

ANNONCE

Pub
 

LES MARQUES PRESENTES

 

PAR ANNEE - MOIS

 

BREAKING NEWS